Page:Benson - Le Maître de la terre.djvu/408

Cette page n’a pas encore été corrigée

faucille rouge, monter lentement derrière le Thabor. Dans la plaine, non plus, ses yeux n’apercevaient rien qu’une infinité de ténèbres. D’une fenêtre, seulement, au-dessous de lui, sortait un reflet de lumière, qui se projetait sur le sol comme une lance tordue ; mais, au delà, rien. Rien, non plus, du côté nord, ni de celui de l’est ; à l’ouest, une lueur, aussi faible et pâle que l’aile d’une phalène, révélait l’emplacement des maisons de Nazareth. Le prêtre aurait pu se croire sur le haut d’une tour, dans un désert, s’il n’y avait eu ce reflet brisé, à ses pieds, et cette vague lueur dans le lointain.

Sur le toit même, du moins, le Syrien parvenait à distinguer certains contours : car la trappe était restée ouverte, par où débouchait l’escalier ; et un peu de lumière arrivait, ainsi, de quelque part, dans les profondeurs de la maison.

Dans le coin le plus proche, un paquet blanc gisait : c’était sans doute l’oreiller de l’abbé bénédictin. Le prêtre avait vu l’abbé s’étendre là, précédemment : mais, était-ce deux heures auparavant, ou bien deux siècles ? Une forme grise s’allongeait contre le mur, — probablement le frère qui était venu avec l’abbé ; et d’autres formes irrégulières apparaissaient, çà et là, contre le parapet de la terrasse.

Marchant très doucement, pour n’éveiller personne, il traversa le toit dallé jusqu’à son extrémité opposée, et, de nouveau, regarda au dehors : car toujours il était torturé du désir de se persuader qu’il restait vivant, et se trouvait