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garde, qui, naturellement, ignorait encore l’objet du voyage, il sortit, de nouveau, sur la plate-forme, pour essayer de trouver un peu de fraîcheur, et pour rêver plus à son aise.

Londres, tel qu’il l’aperçut à ses pieds, lui parut avoir un aspect étrange. Immédiatement au-dessous de lui était le grand square, tout desséché par l’intense chaleur de la semaine précédente : un sol durci, un gazon jauni et fané, des arbres déjà dépouillés d’une partie de leurs feuilles. Au-delà, s’étendait le tissu serré des maisons. Mais ce qui surprenait surtout Olivier, c’était l’extrême densité de l’air, qui était devenu exactement pareil à ce que décrivaient les vieux livres de l’atmosphère de Londres à l’époque des brouillards et de la fumée. Aucune trace de la fraîcheur ni de la transparence matinales ; et impossible de chercher, dans une direction quelconque, la source de ce voile de brume, car, de tous côtés, il était le même. Il n’y avait pas jusqu’au ciel, au-dessus d’Olivier, qui n’eût perdu son bleu ; il apparaissait comme souillé, d’une brosse boueuse ; et le soleil étalait des stries d’un rouge sale, les plus singulières du monde. Olivier songea qu’un grand orage, probablement, se préparait ; ou bien peut-être était-ce le contrecoup de nouveaux tremblements de terre, dans une autre région du globe, pareils à ceux qui, depuis quelques jours, s’étaient produits sur divers points avec une intensité effroyable, anéantissant toute trace de vie, détruisant des villes, des villages, des nations entières. N’importe, le