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II

Felsenburgh alla droit à son trône, précédé par son secrétaire : arrivé la, il fit quelques saluts, en inclinant légèrement la tête ; après quoi il s’assit, et, d’un geste, invita les ministres à reprendre leurs places.

Pour la centième fois, Olivier, le considérant, s’émerveilla de son sang-froid, et de tout l’ensemble véritablement extraordinaire de sa personnalité. Ce jour-là, il avait revêtu le costume judiciaire anglais des siècles passés, — noir et écarlate, avec manches fourrées de blanc et ceinture cramoisie : c’était le costume qu’il avait adopté pour sa présidence anglaise. Mais, par-dessous cette mise, le miracle était dans sa personne, dans l’atmosphère prodigieuse qui jaillissait de lui. Il y avait en lui quelque chose qui, fatalement, attirait, allumait, enivrait, de la même façon que le souffle de la mer agit sur notre nature physique. Les hommes de lettres avaient eu raison de dépenser, pour essayer de le définir, toutes les ressources de leurs images, le comparant à un ruisseau d’eau claire, à l’éclat d’un diamant, à l’amour d’une femme… Leurs métaphores, souvent, s’étaient égarées au delà de toute convenance : mais elles n’en provenaient pas moins d’une tentative légitime à signaler, chez Felsenburgh, l’incarnation d’un élément sinon divin, en tout cas supérieur à la nature humaine…