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« Mon chéri, tu m’as toujours été cher par-dessus tout ; et tu me l’es encore, en ce moment même : mais, assurément, je ne me trompe pas en sentant que je n’ai plus de force pour continuer à vivre. D’abord, quand tout cela a commencé, je me suis attendue à ce que ce serait tout autre ; et tu sais combien j’ai été heureuse et pleine d’enthousiasme. À présent, je reconnais que ce qui arrive est logique et juste, et que la paix du monde doit avoir ses lois, et a le droit de se défendre par tous les moyens. Mais, mon chéri, il se trouve qu’une telle paix n’est pas celle dont j’aurais besoin ! Au fond, je crois que mon malheur vient seulement de ce que je suis en vie.

« Et puis, voici une autre difficulté ! Je sais combien profondément tu es d’accord avec ce nouvel état des choses ; et il est naturel que tu le sois, étant infiniment plus fort, et plus raisonnable, et meilleur que moi ! Mais, si tu as une femme, il faut qu’elle pense et sente comme toi ; et moi, mon chéri, je ne suis plus avec toi, au fond de mon cœur, tout en voyant bien que c’est toi qui as raison… Tu me comprends bien, n’est-ce pas, mon amour ?

« Si nous avions eu un enfant, c’eût été autre chose, peut-être : j’aurais peut-être réussi à continuer de vivre, pour l’enfant. Mais cela même me paraît bien impossible. Oh ! Olivier, mon chéri ! je ne peux pas, je ne peux pas !

« Je sais que j’ai tort, et que tu as raison ! Mais voilà : je ne peux pas me changer ! et,