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avec lequel elle ne voulait plus, ne pouvait plus, avoir rien à faire !

Elle se rappelait, aussi, la très haute opinion qu’elle avait eue de Felsenburgh. À coup sûr, cet homme était le plus grand qu’elle eût jamais vu ; et elle estimait très probable qu’il fût vraiment ce qu’elle avait cru, l’incarnation de l’homme idéal, le premier produit parfait de l’humanité. Mais la logique de sa conduite était trop au-dessus d’elle. Car elle se rendait compte, désormais, qu’il avait été absolument logique, sans l’ombre de contradiction, en proclamant la nécessité d’exterminer les chrétiens, quelques semaines après avoir blâmé la destruction de Rome. Ce qu’il avait blâmé, c’était la passion d’un homme contre un autre, d’une secte contre une autre, choses qui étaient comme le suicide d’une race. Il avait dénoncé la passion, mais non point Faction universelle et légale. Son décret nouveau était un acte légitime de la majorité du monde contre une infime minorité, qui menaçait le principe de la vie et de la foi. Oui, tout cela était logique et nécessaire ; et, cependant, c’était à tout cela qu’elle n’avait point la force de se résigner ! Aussi, ce qu’elle avait de mieux à faire était-il d’accomplir son projet, le plus tranquillement possible : après quoi, le monde, sans elle, continuerait sa marche en avant.

Elle sommeilla de nouveau, quelques instants, et fut toute surprise, en rouvrant les yeux, d’aper-