Page:Benson - Le Maître de la terre.djvu/367

Cette page n’a pas encore été corrigée

même que celle-ci, était justifiée par la souffrance spirituelle. Il y avait un certain degré de détresse à partir duquel l’individu ne pouvait plus être nécessaire à soi-même ni aux autres ; et, dans ces conditions, la mort était l’acte le plus charitable qui pût être accompli. Il est vrai que jamais, jusque-là, elle n’avait songé que cet état pût devenir le sien : la vie, au contraire, l’avait toujours intéressée trop passionnément. Mais les choses en étaient venues à ce point, et, maintenant, la nécessité de la mort ne faisait plus question.

À plus d’une reprise, durant cette semaine, le souvenir lui était revenu de sa conversation avec M. Francis. Elle avait été poussée à cette visite par un mouvement presque instinctif : elle s’était sentie prise, tout à coup, d’un besoin de savoir ce qu’était le parti opposé, et si le christianisme était vraiment aussi ridicule qu’elle l’avait toujours pensé. Ridicule, elle voyait maintenant qu’il ne l’était certainement pas, mais bien plutôt, au contraire, terriblement pathétique. C’était un rêve merveilleux, une délicieuse fantaisie du poète. Et elle se disait que ce serait un bonheur céleste, de pouvoir y croire. Mais, pour son compte, elle ne le pouvait pas. Non, un Dieu transcendant était, pour elle, une idée inconcevable : encore qu’elle comprit, à présent, que l’idée d’un homme transcendant n’était pas moins absurde.

Décidément, elle ne voyait aucune issue. La seule religion possible était celle de l’humanité ; et il se trouvait que l’unique dieu était un dieu