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qu’elle gisait, dans l’obscurité brûlante de sa chambre, tout son être sensible avait protesté et s’était débattu contre la destinée que sa volonté lui imposait. Cet être avait réclamé les choses familières, la promesse de nourriture, et d’air respirable, et de commerce humain ; il s’était tordu d’horreur devant l’abîme noir vers lequel il était entraîné ; et, dans cette angoisse épouvantable, la jeune femme n’avait retrouvé la paix que lorsqu’une voix plus profonde lui avait murmuré, avec un accent surnaturel de certitude, que la mort n’était pas la fin absolue. Et puis, avec la lumière du matin, la santé était revenue ; la volonté avait reconquis sa maîtrise, et, du même coup, avait écarté l’espérance secrète d’une continuation de la vie. Plus tard, elle avait eu à souffrir, deux ou trois fois, d’une peur plus concrète : le souvenir lui était revenu de ces révélations scandaleuses qui, dix ans auparavant, avaient convulsé l’Angleterre et amené l’établissement de refuges tels que celui ci, sous la surveillance du gouvernement. On avait découvert que, durant de longues années, dans les grands laboratoires de vivisection, des expériences avaient été faites sur des sujets humains, sur des personnes qui, ainsi qu’elle même, s’étaient séparées du monde, et à qui, dans des maisons d’euthanasie privées, on avait administré des gaz suspendant la vie, au lieu de la détruire… Mais cela encore avait passé, avec l’avènement de la lumière. Le système nouveau rendait de telles choses impossibles, au moins