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l’Orient, dont chacune gardait son individualité propre, n’en avaient pas moins trouvé, dans l’Homme nouveau, l’incarnation de leur idéal, et, par conséquent, s’étaient soumises à la suprématie du grand corps total dont il était la tête. Mais la religion catholique, elle, avait pour essence la trahison contre la véritable idée de l’homme. Les chrétiens déféraient leurs hommages à un Être surnaturel imaginaire qui, d’après ce qu’ils affirmaient, non seulement était supérieur au monde, mais avait encore sur le monde un pouvoir transcendant. De sorte que les chrétiens, délibérément, se retranchaient de ce corps total, dont, de par leur génération humaine, ils avaient fait partie. Ils étaient comme des membres morts, se soumettant à la domination d’une force extérieure autre que celle qui aurait pu les faire vivre ; et, par cet acte même, c’était le corps tout entier qu’ils mettaient en danger. Il ne s’agissait point de supprimer leur folle croyance à la fable insensée de l’Incarnation. Cette croyance, on aurait parfaitement pu la laisser mourir de sa propre mort : mais le refus des chrétiens de puiser leur vie à la source commune, voilà quel était leur crime, le véritable et seul crime qui méritât encore d’être appelé de ce nom ! Car, qu’étaient le vol, l’escroquerie, le meurtre, ou même l’anarchie, en comparaison de ce délit monstrueux ? Toutes ces fautes, à coup sûr, endommageaient le corps de l’humanité : mais elles ne la frappaient pas au cœur. Elles faisaient souffrir des individus, et, à ce titre, devaient