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pour avoir un exemple de la manière et de la méthode parfaites de célébrer le saint sacrifice.

Ce jour-là, tout alla comme à l’ordinaire ; mais, au moment de la communion, le prêtre releva brusquement la tête, avec la vague impression qu’il s’était produit ou un bruit, ou un geste, anormal ; et, lorsqu’il regarda son maître, son cœur se mit à battre par saccades convulsives, qui retentissaient jusque dans sa gorge. Cependant, l’œil d’un étranger n’aurait pu rien observer d’extraordinaire. L’officiant se tenait là debout, la tête penchée, le menton appuyé sur l’extrémité des longs doigts, le corps absolument droit. Mais le Syrien, lui, découvrait quelque chose que, d’ailleurs, il aurait été incapable de se formuler à soi-même : tout au plus put-il se dire, plus tard, qu’il avait en la sensation qu’une certaine manifestation, visible ou audible, allait se produire…

Et les moments passaient, dans cette extase de pureté et de paix ; au dehors, de vagues bruits s’élevaient et s’effaçaient, les cahots lointains d’une charrette, le monotone refrain d’une cigale, à vingt pas de la chapelle ; derrière le prêtre, le domestique soufflait lourdement, comme sous le fardeau d’une émotion trop violente ; et toujours la figure de l’officiant se tenait immobile, dans la même attitude, sans qu’un pli de sa robe fit un mouvement. Quand enfin il bougea, pour découvrir le précieux sang, pour mettre ses mains sur l’autel, et pour adorer, c’était comme si une