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oraison. Le pas de l’un des serviteurs retentit dans la cour ; l’homme entra, pour entendre la messe ; et, au même instant, le pape se leva et se dirigea vers la sacristie, où étaient déjà prêts, pour le sacrifice, les vêtements rouges du Dieu qui apparaît dans la flamme.

L’attitude de Sylvestre, en disant la messe, était singulièrement naturelle et sans ostentation. Ses mouvements étaient aussi rapides que ceux d’un jeune prêtre ; sa voix, tout en restant basse, était d’une clarté parfaite ; et son pas n’avait rien de pompeux ni de précipité. Conformément à la tradition, il mettait une demi-heure ab amiciu ad amictum ; et, même dans cette petite chapelle vide, il avait soin de tenir ses yeux constamment baissés. Et pourtant, jamais le prêtre syrien ne servait cette messe sans éprouver un frisson de quelque chose qui ressemblait à de la peur. Non pas seulement à cause de la connaissance qu’il avait de la dignité suprême du célébrant : mais, sans qu’il pût se l’expliquer, de cette figure de prêtre rayonnait un arome d’émotion qui l’affectait d’une façon presque physique ; c’était comme si l’individualité personnelle de l’officiant disparût en Partie, et que, à sa place, le Syrien eût conscience d’une autre présence plus haute, infinie et impérissable. Aussi bien, à Rome déjà, autrefois, la messe du P. Franklin avait-elle été un des spectacles les plus renommés ; toujours les séminaristes, la veille de leur ordination, étaient envoyés à cette messe,