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De nouveau, il y eut une pause.

Le pape avait parlé avec la plus parfaite tranquillité, comme un homme plongé dans un rêve. Ses yeux étaient abaissés sur le papier, tout son corps avait l’immobilité d’une statue : et cependant le prêtre, qui écoutait, expédiait les messages latins, et lisait tout haut les réponses, avait l’impression que, sous les paroles assez insignifiantes en soi qu’il venait de transmettre, quelque chose de très étrange et de très grand se trouvait caché. Il y avait, dans l’air, une sensation spéciale d’attente anxieuse ; et le prêtre, après s’être étonné de la manière dont le monde catholique tout entier était entré en communication passionnée avec Damas, irrésistiblement avait été entraîné à se rappeler ses méditations du soir précédent, pendant qu’il attendait le messager. Évidemment, toutes les puissances du monde s’apprêtaient à faire un pas de plus, dans leur marche contre le Christ. Quant à la nature particulière du nouvel assaut, cela n’intéressait le bon Syrien que très faiblement.

Le pape fut le premier à rompre le silence, parlant maintenant de sa voix naturelle.

— Mon père, ce que je vais dire à présent est aussi secret que si je le disais en confession ! Vous comprenez ?… Très bien ! Commencez !

Et, de nouveau, l’intonation égale et sans accent se mit à dicter :

« — Éminence ! dans une heure d’ici, Nous dirons la messe du Saint-Esprit ; lorsque Nous aurons fini, vous tâcherez à faire en sorte que