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que le Saint-Esprit avait soufflé dans un rayon de lumière ineffable, et que le Verbe était devenu chair au moment où Marie avait croisé les bras et incliné la tête, sous le décret de l’Éternel. Et c’était ici, de nouveau, — du moins il le pensait, et déjà il se figurait entendre le fracas de roues arrivant au galop ! — c’était ici qu’allait avoir lieu le tumulte des armées divines, rassemblées autour du camp des saints ; et déjà il lui semblait que, derrière les barreaux des ténèbres, Gabriel approchait de ses lèvres la trompette de la destinée, et que déjà tous les cercles célestes s’agitaient dans l’attente. Et il se disait que, peut-être, cette fois, il se trompait, comme d’autres s’étaient trompés avant lui, d’autres fois : mais il savait que ni lui ni eux ne pouvaient s’être trompés à jamais. Fatalement, un jour devait venir où la patience de Dieu finirait, si profondément que cette patience eût ses racines dans l’éternité de sa nature.

Tout à coup, le prêtre interrompit sa rêverie, et sauta sur ses pieds, en voyant s’avancer vers lui, à une centaine de pas, sur le blanc sentier tout inondé de lune, la blanche figure d’un cavalier, avec un sac de cuir pendu à sa ceinture.

II

Il pouvait être trois heures et demie, le lendemain, lorsque le prêtre se réveilla, dans sa pe-