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depuis des siècles. Ici, nulle trace d’une ardente pression humaine, nul témoignage de cet effort continu et stérile qu’on appelait la civilisation. Quelques Juifs fatigués, seuls, étaient venus se joindre aux indigènes de cette calme petite terre, comme on voit souvent des vieillards revenir, sans trop savoir pourquoi, terminer leurs jours au village natal ; et leur arrivée avait fait joindre quelques cubes blancs de plus aux entassements blancs qui apparaissaient çà et là. Mais, à cela près, la plaine devait, avoir été toute pareille, cent ans, mille ans auparavant.

Elle était à demi ombragée par le Carmel, et à demi baignée d’une lumière dorée et poussiéreuse. Au-dessus, le ciel clair de l’Orient était teinté de rose, comme l’avaient vu Abraham, Jacob, et le Fils de David. Nulle part au monde, peut-être, depuis la destruction de Rome, on n’aurait pu retrouver aussi pleinement le vieux ciel et la vieille terre, intacts et immuables ; et déjà le patient printemps, revenu, avait étoilé le sol de ces glorieux lis des champs à qui ne peuvent pas même être comparées les robes écarlates du roi Salomon. Mais aucun message ne venait du trône céleste, comme lorsque Gabriel était descendu, dans cette même atmosphère, pour saluer Celle qui était bénie entre les femmes ; aucune promesse ni espérance n’était accordée, excepté celles que Dieu accorde chaque jour à l’humanité, dans chacun des mouvements de sa création.

Lorsque les deux cavaliers s’arrêtèrent, les