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que sale, et son vieux burnous brun gisait à terre, près de lui.

Plus d’une heure encore, il resta ainsi ; et déjà le soleil avait à demi perdu sa cruelle chaleur, lorsque des pas de chevaux se firent entendre, dans la cour pavée de la maison. Alors Sylvestre se redressa, glissa ses pieds nus dans ses souliers, et souleva de terre son burnous, pendant que la porte s’ouvrait, et qu’un prêtre, maigre, tout brûlé de soleil, s’approchait de lui.

— Les chevaux sont prêts, Votre Sainteté ! lui dit le prêtre.

Le pape ne prononça pas une parole, tout cet après-midi, jusqu’au moment où, vers le coucher du soleil, les deux cavaliers atteignirent le sentier qui sépare Nazareth du Thabor. Ils avaient fait leur tour habituel par Cana, gravissant une hauteur d’où l’on pouvait voir tout le long miroir du lac de Génézareth, puis se dirigeant toujours vers la droite, sous l’ombre du Thabor, jusqu’à ce que, une fois de plus, Esdraélon se déployât à leurs pieds comme un tapis d’un gris vert, un grand cercle de six lieues de diamètre, pauvrement décoré de petits groupes de cabanes, avec Naïm apparaissant d’un côté, le Carmel dressant sa longue forme, à droite très loin, et Nazareth, niché à un kilomètre et demi de distance, sur le plateau que les deux hommes venaient de traverser. C’était un spectacle d’une paix extraordinaire, et que l’on aurait pu croire extrait de quelque vieil album de vues, peint