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ignoraient sa dignité, se chargeaient des quelques relations indispensables avec le monde séculier ; et, tout ce que savaient ses rares voisins, c’était que, dans la petite maison du défunt cheik, sur la colline, un Européen excentrique s’était installé, avec un appareil de télégraphe.

En résumé, le monde catholique avait appris, simplement, que son pape vivait quelque part, continuant à veiller sur lui, du fond de sa retraite ; et treize personnes seulement, sur toute la surface du globe, savaient que le nom de ce pape avait été Franklin, et que c’était à Nazareth que se dressait, pour le moment, le trône de saint Pierre.

Les choses en étaient arrivées exactement au point qu’avait prédit un Français, plus d’un siècle auparavant : le catholicisme survivait, et devait déjà s’estimer trop heureux de pouvoir survivre.

III

Le pape restait assis, sur sa chaise, se rappelant et méditant les intolérables blasphèmes qu’il venait de lire. Ses cheveux blancs tombaient en boucles fines, et déjà plus rares, sur ses tempes brunies ; ses mains étaient vraiment comme les mains d’un fantôme ; et son jeune visage apparaissait tout ridé et creusé de souffrance. Ses pieds nus ressortaient, sous sa tuni-