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à cet Homme par excellence, convenaient proprement tous les titres décernés, jusqu’alors, à des Êtres suprêmes imaginaires. Ainsi, c’était lui qui était le Seigneur, car à lui était réservé de mettre au jour cette vie parfaite de paix et d’union à laquelle, avant lui, les innombrables générations humaines avaient aspiré vainement. Et il était aussi le Rédempteur, car il avait racheté l’homme des ténèbres et de l’ombre de la mort, guidant ses pas dans la voie de la paix. Il était le Fils de l’Homme, car lui seul était parfaitement humain. Il était l’alpha et l’oméga, le commencement et la fin de l’humanité renouvelée. Il était Dominus Deus Noster, — tout comme Domitien l’avait été jadis ! songeait le pape. — Il était aussi simple et aussi complexe que la vie même est simple dans son essence, complexe dans ses manifestations.

Et déjà son esprit remplissait le monde. L’individu n’était plus séparé de ses frères ; et la mort n’apparaissait plus que comme une ride qui courait, çà et là, sur l’immense mer inviolable. Car l’homme avait enfin appris que la race était tout, et non le moi personnel ; la cellule avait enfin découvert l’unité du corps entier ; et, de l’aveu des plus grands penseurs contemporains, la conscience même de l’individu allait bientôt céder le titre de personnalité à la masse collective des hommes. Au reste, n’était-ce pas cette fusion des individus en une humanité totale qui, seule, pouvait expliquer la cessation des rivalités de partis et des conflits entre les na-