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pour théâtre les cœurs de la foule, et qui avaient, brusquement, ramené l’homme à ce temps affreux de son enfance où il n’avait pas encore appris ce qu’il était et ce qu’était son rôle.

Non point que l’on dût se repentir ! disait encore la puissante voix. Mais il y avait quelque chose d’infiniment supérieur au repentir : la connaissance des crimes dont l’homme était capable, et la volonté de mettre à profit cette connaissance. Rome avait disparu, et la façon dont sa disparition s’était opérée avait été déshonorante pour l’humanité nouvelle ; et cependant combien cette disparition de Rome allait, à l’avenir, rendre plus respirable l’atmosphère de la vie universelle !… Sur quoi, comme le vol d’un aigle, la parole de Felsenburgh s’élançait brusquement au plus haut du ciel ; sortant du hideux abîme où elle était descendue pour un instant, parmi les cadavres dépecés et les maisons en ruine, elle montait dans un air infiniment pur et lumineux, emportant avec elle la rosée des larmes et l’arome de la terre. Et de même que, tout à l’heure, elle ne s’était pas fait faute de frapper et d’humilier le cœur humain mis à nu, de même à présent, elle n’épargnait rien pour relever ce cœur douloureux et ensanglanté, pour le réconforter par la divine vision de l’Amour.

Le Président s’était tourné, tout à coup, vers la statue voilée, derrière l’autel :

— Oh ! Humanité ! s’était-il écrié, notre mère à tous !