Page:Benson - Le Maître de la terre.djvu/291

Cette page n’a pas encore été corrigée

un dieu avait ramené le calme, d’un mouvement du doigt, le désordre cessa brusquement ; un grand soupir retentit ; et, dans la lumière colorée qui remplissait la nef, la jeune femme aperçut la figure d’un homme, seul, s’avançant.

III

Ce que Mabel vit, et entendit, et sentit, pendant les instants qui suivirent, en ce premier jour de la nouvelle année, jamais elle ne put se le rappeler exactement. Elle perdit, pour un instant, sa conscience continue d’elle-même et son pouvoir de réflexion, sans doute sous l’effet de sa faiblesse, après le grand conflit intérieur de la veille. Elle n’avait plus en elle cette faculté qui emmagasine, étiquette, et classe les faits : elle n’était plus qu’un être observant, pour ainsi dire, d’un seul coup, et percevant toutes choses sur un même plan. La vue et l’ouïe semblaient ses seules fonctions, communiquant directement avec un cœur enflammé.

Elle ne sut même point à quelle minute précise elle avait reconnu que l’homme qui entrait était Felsenburgh. Elle paraissait l’avoir reconnu, même avant qu’il entrât ; et ses yeux le suivaient, comme fascinés, pendant qu’il s’avançait sur le tapis rouge, superbement seul, gravissant les trois marches de l’accès du chœur, puis, continuant à passer et à repasser devant elle. Il était vêtu de sa solennelle robe anglaise,