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tres d’une pure foi ! hommes graves qui savaient à quoi ils croyaient, les voici qui descendaient lentement, — deux par deux, conduits par des suisses en grand apparat, et eux-mêmes étalant à la lumière colorée toute la splendeur de leurs tabliers, insignes, et joyaux maçonniques !

Le visage plus anxieux que jamais, M. Francis, dans sa robe solennelle, se tenait à l’entrée du sanctuaire, attendant la procession ; et déjà l’espace réservé aux officiants commençait à se remplir, lorsque, tout à coup, Mabel se rendit compte que quelque chose d’imprévu venait de se produire ;

En effet, le murmure des voix, à l’intérieur de l’Abbaye, avait brusquement cessé, et un grand flot d’émotion agitait les vallées et les collines de têtes, devant Mabel, comme un coup de vent remue les épis. Et elle-même, dès l’instant d’après, était debout, étreignant le dossier du siège qui précédait le sien ; et son sang battait à coups précipités, comme une machine trop chauffée, dans chacune de ses veines. Au même instant, avec un bruit qui ressemblait à un immense soupir, toute l’assemblée s’était dressée sur ses pieds.

L’ordre même de la procession faillit se troubler. Mabel vit M. Francis s’élancer tout à coup, dans la net, avec des gestes d’affolement. Çà et là, d’autres hommes couraient et se poussaient, des tabliers flottaient, des mains faisaient des signes angoissés, des paroles entrecoupées se croisaient de toutes parts. Et puis, comme si