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civilisation, et de ceux qui restaient à obtenir encore. Mais rien n’avait pu prévaloir contre l’épouvante et le dégoût qui la pénétraient. Elle avait même pensé à mourir, comme elle l’avait dit à son mari ; l’idée lui était venue de renoncer à sa propre vie, dans son désespoir au sujet du monde. Très sérieusement, elle y avait songé ; c’était là une solution parfaitement d’accord avec sa doctrine morale. D’un consentement unanime, les êtres inutiles, les mourants, étaient délivrés de l’angoisse de vivre ; les maisons spécialement réservées à l’euthanasie lui prouvaient assez combien un tel affranchissement était légitime. Et si d’autres y recouraient, pourquoi s’en priverait-elle, en présence de ce poids qu’elle se sentait incapable de porter ? Et puis, Olivier était rentré, il avait réussi à ramener en elle la confiance et l’espoir ; et le cauchemar s’était dissipé, pour ne plus lui laisser qu’un souvenir confus. Mais, surtout, c’était le nom de Felsenburgh qui avait eu le pouvoir de la tranquilliser.

— Pourvu qu’Il vienne ! soupirait-elle. Pourvu que mon espérance ne me trompe pas !

Peu à peu, elle se rendit compte que les cris qu’elle entendait au dehors réclamaient, eux aussi, la venue de Felsenburgh ; et cette pensée contribua encore à la rassurer. Ces tigres sauvages n’étaient donc pas sans savoir où cher cher leur rédemption : ils comprenaient ce qui devait être leur idéal, pour éloignés qu’ils fussent, eux-mêmes, d’y atteindre ! Ah ! si seulement