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pieds, le sanctuaire vide, couvert d’un tapis, avec, au fond, l’énorme autel, le rideau splendide cachant l’image symbolique, et le grand trône, attendant Celui qui allait venir.

Mabel avait besoin d’être rassurée par l’espoir de cette venue de Felsenburgh : car, de ses émotions de la nuit passée, elle ne pouvait s’empêcher de garder un souvenir douloureux, comme d’un effrayant cauchemar. Depuis le premier choc de ce qu’elle avait vu en sortant de la petite église, jusqu’au moment où, dans les bras de son mari, elle avait appris l’anéantissement de Rome, elle avait eu l’impression que le monde nouveau autour d’elle, s’était brusquement corrompu et décomposé. Il lui semblait incroyable que le monstre furieux qu’elle avait entendu rugissant dans la nuit pût être cette Humanité qu’elle avait reconnue pour son Dieu. Toujours elle avait pensé que la vengeance, et la cruauté, et le meurtre, étaient le produit de la superstition chrétienne, désormais morte et ensevelie, depuis l’avènement de l’Ange de Lumière : et, voici que, maintenant, force lui avait été de reconnaître que ces horreurs continuaient à vivre !

Toute la soirée, jusqu’à l’arrivée de son mari, elle avait douté, résisté à ses doutes, essayé de recouvrer la confiance qui s’était répandue en elle pendant sa méditation de l’église. Elle s’était dit que la tradition ne mourait que lentement ; elle s’était rappelé tout ce qu’Olivier lui avait souvent répété des résultats obtenus déjà par la