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Il savait que deux sentiments luttaient, dans le cœur de la jeune femme : sa fidélité à sa foi humanitaire, et sa haine de ces crimes commis au nom de la justice ; mais maintenant, en la dévisageant, il voyait que ces deux éléments opposés se livraient un combat mortel, que toute l’âme de Mabel n’était qu’un champ de bataille, et que, décidément, c’était la haine qui l’emportait.

Tout à coup, comme un hurlement de loup, la voix de la foule s’éleva, puis retomba ; et la tension intérieure de la jeune femme se brisa subitement. Elle s’élança vers Olivier, qui la saisit par les poignets ; et ainsi elle resta, serrée dans ses bras, le visage appuyé contre sa poitrine ; et tout le corps soulevé de profonds sanglots.

Longtemps encore, elle se tut ; Olivier comprenait tout, mais ne parvenait pas à trouver des paroles. Il l’attira seulement un peu plus près, baisa plusieurs fois ses cheveux, et essaya de préparer ce qu’il voulait lui dire.

Mais elle, après un moment, releva vers lui son visage enflammé, le fixa avec un mélange de tendresse et de souffrance, et, ayant laissé retomber sa tête contre sa poitrine, commença de murmurer des paroles entrecoupées.

Il pouvait à peine saisir quelques mots, çà et là : mais il savait trop bien tout ce qu’elle disait !

Elle disait que c’était la ruine de tous ses espoirs et la fin de toutes ses croyances. Qu’on lui permit de mourir, de mourir, et d’oublier enfin toutes choses ! Espoirs et croyances, tout