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qui l’abritaient ; et, dès l’instant suivant, s’entendit un fracas de voix et de pas sonores.

En tête du cortège, venait un escadron volant d’enfants, à la fois rieurs et épouvantés, poussant des cris inarticulés, et sans cesse retournant la tête, avec quelques chiens aboyant au milieu d’eux ; puis des femmes accouraient, sur les deux trottoirs. Mabel aurait voulu interroger, mais elle ne le pouvait pas. Ses lèvres remuaient, mais aucun son n’en sortait. Une immense frayeur s’était emparée d’elle.

Le cortège, à présent, s’était épaissi ; une troupe de jeunes gens s’avançaient, tous parlant et criant très haut, et, derrière eux, une foule confuse, pareille à une énorme vague dans un chenal de pierre : des hommes et des femmes se distinguant à peine les uns des autres, dans cet entassement de visages. La rue, tout à l’heure vide, était maintenant encombrée, au plus loin que Mabel pouvait voir ; sans cesse le courant de têtes coulait, se précipitait ; et, pendant tout ce temps, la petite fille se cachait convulsivement dans les robes de Mabel.

Et bientôt, par-dessus les têtes de la foule, certaines choses commencèrent à apparaître, des objets que la jeune femme ne pouvait pas distinguer dans l’obscurité, des bâtons, des formes fantastiques, des fragments d’étoffe ressemblant à des bannières. Des visages tordus de passion la considéraient, de temps à autre, au passage ; des bouches ouvertes lui lançaient des cris : mais elle ne les voyait ni ne les entendait. Elle n’avait