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qui se réjouissaient de pouvoir y vivre. Loin, à travers les siècles, son regard s’étendait, loin à travers ces âges de crime et d’aveuglement pendant lesquels la race s’était lentement élevée de la sauvagerie et de la superstition jusqu’à une pleine conscience de soi ; ou bien elle considérait les temps encore à venir, se dirigeant vers un point de perfection qu’il lui était impossible de comprendre tout à fait, faute d’y être, elle-même, arrivée. Et cependant, se disait-elle, cette perfection a déjà commencé ; les douleurs de l’enfantement sont passées, et déjà est venu Celui qui doit être l’héritier des temps !

Enfin par un troisième acte de foi, elle se représenta l’humanité entière, le feu central, dont chaque étincelle n’était qu’un rayonnement, cet être divin immense, impassible, qui s’était réalisé à travers les siècles, et que les hommes avaient appelé Dieu, jadis, sans le connaître, mais que maintenant ils avaient reconnu comme la réunion transcendante d’eux tous.

Et, à ce point de sa prière, elle s’arrêta, contemplant la vision de son âme, élevée au-dessus de son individualité personnelle, et buvant, lui semblait-il, à longues gorgées, l’éternel esprit de vie et d’amour…

Un bruit plus fort, sans doute, vint la troubler et lui fit rouvrir les yeux. Elle aperçut, devant elle, les dalles encore vaguement éclairées, les marches du sanctuaire, et la grande figure blanche de la Maternité, qu’une rangée de cierges illuminait parmi l’obscurité environnante. C’était