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accoutumée à aimer le calme de ce lieu et à y venir souvent, pour raffermir ses pensées, pour les concentrer sur la signification cachée sous la surface de la vie. Au reste, ce genre de dévotion était en train de devenir assez commun, parmi toutes les classes du peuple. De temps à autre, de véritables sermons étaient prononcés ; de petits livres apparaissaient, destinés à servir de guides pour la vie intérieure, et ressemblant tout à fait aux vieux livres catholiques d’oraison mentale.

Ce jour-là, Mabel s’assit à sa place ordinaire, joignit les mains, considéra d’abord, une minute ou deux, l’antique sanctuaire de pierre, l’image blanche, et la fenêtre rapidement assombrie. Puis elle ferma les yeux, et se mit à méditer, — à prier, — d’après une méthode qui lui était de venue familière.

En premier lieu, elle concentra son attention sur elle-même, se détachent de tout ce qui était purement extérieur, transitoire, se refoulant toujours plus au dedans, jusqu’à ce qu’elle eût atteint cette étincelle secrète qui, sous toutes les fragilités individuelles, faisait d’elle un membre effectif de la race divine de l’humanité.

Le second degré de sa prière consistait en un acte de pensée. Elle songeait que tous les hommes possédaient cette étincelle ; puis, réunissant toutes les forces de son imagination, elle tâchait à voir les innombrables millions de l’humanité, — les enfants naissant au monde, les vieillards qui en sortaient, les hommes mûrs