Page:Benson - Le Maître de la terre.djvu/260

Cette page n’a pas encore été corrigée

plus profond du vaisseau. Le dîner était excellent, mais les convives ne se trouvaient guère en humeur de l’apprécier. Ils restaient assis en silence : car les deux cardinaux ne pouvaient s’entretenir que d’un sujet unique, et leurs chapelains n’avaient pas encore été mis dans le secret.

L’air devenait très froid, et les courants de vapeur chaude ne suffisaient point à vaincre la température glaciale qui commençait à se répandre au-dessus des Alpes.

L’aérien était forcé de monter à près d’un kilomètre de son niveau habituel, afin de franchir la barrière du mont Cenis ; et, en même temps, il était forcé de ralentir sa marche, à cause de l’extrême rareté de l’air.

Le cardinal allemand se leva, sans attendre la fin du dîner.

— Je vais rentrer dans notre compartiment, dit-il ; je serai plus à mon aise, là-bas, sous mes fourrures !

Son chapelain le suivit docilement, laissant son propre dîner inachevé ; et Percy resta seul avec le P. Corkran, son chapelain anglais, récemment arrivé d’Écosse. Il but son vin, mangea une couple de figues, puis se retourna vers la grande fenêtre vitrée, derrière lui, pour regarder les Alpes.

Plusieurs fois, déjà, il les avait traversées ainsi ; et il se rappelait l’effet merveilleux que toujours elles lui avaient produit, mais particulièrement un jour où il les avaient vues vers midi,