Page:Benson - Le Maître de la terre.djvu/244

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Allemagne : car, en Angleterre, cette journée devait voir la première application de la loi rendant le culte obligatoire ; tandis que, en Allemagne, la loi devait être appliquée déjà pour la seconde fois. Hommes et femmes, les deux nations entières auraient à se déclarer pour ou contre la religion nouvelle.

Le cardinal avait reçu de Londres, quelques jours auparavant, une photographie de l’image qui allait être adorée, le lendemain, dans l’abbaye de Westminster ; et il l’avait déchirée en morceaux dans un accès de dégoût et d’indignation. La statue représentait une femme nue, grande et majestueuse, la tête et les épaules rejetées en arrière, dans l’attitude d’une personne qui contemple une vision, les bras étendus et les mains un peu soulevées, avec une expression totale d’attente, d’espérance, de ravissement ; et l’artiste, par une ironie diabolique, avait couronné ses longs cheveux de douze étoiles. Cette figure était la contre-partie de l’autre, l’incarnation de la Maternité idéale de l’Homme…

Et Percy, foulant aux pieds les morceaux blancs de l’image, répandus sur les dalles comme une neige empoisonnée, s’était élancé vers son prie-Dieu et s’y était laissé tomber, avec un désir passionné de réparation.

— Oh ! Mère ! Mère ! s’était-il écrié vers la vénérable Reine des Cieux, qui, avec son fils dans les bras, le regardait du haut de son piédestal.