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messes du pape, après avoir dit lui-même ses trois messes, à minuit, dans son oratoire privé. Pour la première fois de sa vie, il put assister à un spectacle dont il avait bien souvent entendu parler : la merveilleuse procession pontificale, à la lueur des torches, traversant Home depuis le Latran jusqu’à Sainte-Anastasie, où le pape venait de restaurer la coutume ancienne, abandonnée depuis près de cent cinquante ans. La petite basilique était, naturellement, réservée au nombre, très restreint, des privilégiés : mais les rues, sur tout le parcours depuis la basilique, et toute l’énorme place du Latran, n’étaient qu’une masse opaque de têtes silencieuses et de torches flamboyantes. Le Saint-Père était accompagné à l’autel, comme d’habitude, par les souverains ; et Percy, de sa place, considérait le drame céleste de la Passion du Christ joué, sous le voile de sa Nativité, par les mains de son vieux vicaire angélique.

En effet, à peine pouvait-on retrouver là une trace de la tragédie du Calvaire : c’était bien l’atmosphère de Bethléem, l’illumination céleste et non point la ténèbre surnaturelle, qui rayonnait autour du simple autel de Sainte-Anastasie. C’était l’enfant prodigieux qui reposait dans les vieilles mains du pontife, plutôt que le corps meurtri de l’homme des douleurs.

Adeste, fideles ! chantait le chœur, dans la tribune. « Venez, accourons tous, et pour adorer, non point pour pleurer ! Exultons, réjouissons-nous ! Soyons, nous-mêmes, pareils à des