Page:Benson - Le Maître de la terre.djvu/238

Cette page n’a pas encore été corrigée

ville et dans les faubourgs, ne sauraient être décrites. Des milliers de familles avaient consenti à rompre les liens humains qui les attachaient. Les maris s’étaient dirigés vers les grandes maisons réservées pour eux sur le Quirinal ; les femmes s’étaient fixées sur l’Aventin ; tandis que leurs enfants, également remplis de confiance et d’ardeur, avaient afflué chez les sœurs de Saint-Vincent-de-Paul, à qui le pape avait fait donner trois rues entières pour les recueillir. De toutes parts, sur les places, s’élevait la fumée de bûchers où brillaient des objets de luxe, désormais rendus inutiles par le vœu de pauvreté, et sacrifiés avec joie par leurs possesseurs. Et, de jour en jour, de longs trains partaient des stations, en dehors des remparts, emportant les troupes joyeuses et enthousiastes de ceux que le Saint-Père avait daigné déléguer pour être le sel de la terre, le levain destiné à transformer le monde infidèle. Et, partout, ce monde infidèle avait salué leur venue d’un rire où se mêlait, déjà, une ombre de fureur. Cependant, de la chrétienté tout entière étaient arrivées des nouvelles heureuses. Les mêmes précautions qu’à Rome avaient été prises dans toutes les villes, pour l’admission des membres de l’ordre : mais sans cesse les bureaux du Vatican recevaient de nombreuses listes de personnes, décidément admises.

Et, durant la semaine qui précédait le moment présent de notre histoire, d’autres listes aussi étaient arrivées au Vatican, infiniment