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sieurs journées, le pape lui-même était resté assis, trônant sous l’autel de la basilique ; glorieuse et rayonnante figure donnant sa bénédiction, tour à tour, avec un beau geste muet, à chacun des membres de la multitude infinie qui accourait vers l’autel, au sortir de la communion, pour s’agenouiller devant le supérieur de l’ordre et baiser son anneau. Chaque postulant était obligé d’aller se confesser à un prêtre désigné, qui examinait strictement ses motifs et sa sincérité : de telle sorte qu’une moitié seulement avait été acceptée. Encore cette proportion était-elle infiniment plus grande à Rome que dans la chrétienté : car on ne doit pas oublier que, des trois millions de postulants romains, près de deux millions avaient subi l’exil pour leur foi, préférant une vie obscure et méprisée, sous l’ombre de Dieu, à la gloire sacrilège de leurs pays infidèles.

Le cinquième soir de l’enrôlement des novices, un incident pathétique s’était produit. Le vieux roi d’Espagne, — le second fils de la reine Victoria, — déjà sur le bord de la tombe, s’étant agenouillé devant le pape, avait chancelé au moment où il s’apprêtait à se relever ; et le pape lui-même, d’un mouvement soudain, s’était levé de son trône, l’avait saisi, et tendrement embrassé. Puis, toujours debout, le vieux pontife avait ouvert ses bras tout au large, et prononcé une allocution telle que jamais encore la basilique n’en avait entendue. « Benedictus Dominus ! s’était-il écrié, en levant au ciel son