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grave danger pour la communauté catholique n’était point dans les mesures injustes du gouvernement, mais dans le zèle irréfléchi des fidèles eux-mêmes. Le monde ne désirait rien tant que d’avoir une occasion, un prétexte, pour lever son épée, déjà à demi tirée du fourreau. Lorsque le jeune secrétaire lui eût apporté les quatre feuillets couverts de la petite écriture tassée du P. Blackmore, Percy relut, tout de suite, le dernier paragraphe :

« L’ancien secrétaire de M. Brand, M. Phillips, que Votre Éminence m’avait recommandé, est venu me voir deux ou trois fois. Il se trouve dans un état des plus curieux. Au fond du cœur, il n’a aucune foi : mais, intellectuellement, il ne voit d’espérance nulle part que dans l’Église catholique. Il a même sollicité d’être admis dans l’ordre du Christ Crucifié, ce qui, naturellement, est impossible. Mais sa sincérité ne saurait faire aucun doute : car, s’il n’était pas sincère, il n’hésiterait pas à professer le catholicisme. Je l’ai mis en rapport avec plusieurs bons catholiques, dans l’espoir qu’ils pourraient le secourir moralement. Je serais très heureux que Votre Éminence pût causer avec lui. »

Avant de quitter l’Angleterre, Percy avait poursuivi la connaissance qu’il avait faite, dans des conditions singulières, de l’ancien secrétaire d’Olivier Brand ; et, sans trop savoir pourquoi, il avait recommandé M. Phillips au Père Blackmore. Non pas qu’il eût été particulièrement frappé du caractère de ce Phillips, qui lui