Page:Benson - Le Maître de la terre.djvu/233

Cette page n’a pas encore été corrigée

remettait l’exécution aux divers gouvernements nationaux.

Ainsi le cardinal songeait, sur sa chaise de paille, les yeux fixés sur la sainte Home telle qu’elle apparaissait de sa fenêtre à travers la brume automnale. Il se demandait combien de temps encore durerait la paix. Mais, dès à présent, il avait l’impression que l’air s’obscurcissait d’heure en heure, et que l’inévitable catastrophe qu’il pressentait n’attendait plus que l’occasion la plus insignifiante pour se déchaîner.

Enfin il sonna.

— Donnez-moi la dernière lettre du P. Blackmore ! dit-il à son secrétaire.

Percy n’avait jamais oublié les fines et pénétrantes remarques du P. Blackmore, pendant leur séjour commun à Westminster ; et l’un de ses premiers actes, comme Cardinal-Protecteur d’Angleterre, avait été d’inscrire son ancien collègue sur la liste des correspondants anglais. Il avait reçu de lui, déjà, une douzaine de lettres, dont aucune n’avait été sans contenir son grain d’or. Mais surtout il avait observé que toutes ces lettres exprimaient la crainte que, tôt ou tard, il n’y eût un acte de provocation ouverte de la part des catholiques anglais : et c’était précisément le souvenir de cette crainte qui avait inspiré Percy dans ses véhémentes instances auprès du pape, tout à l’heure. De même qu’au temps des persécutions romaines, durant les trois premiers siècles, de même, à présent, le plus