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rogé sa montre une demi-douzaine de fois au moins, depuis une heure qu’elle était là, chaque fois avec l’espoir que vingt heures allaient enfin venir. Elle savait maintenant, d’expérience, que le président de l’Europe n’arriverait ni une minute avant l’heure fixée, ni une minute après. L’extrême ponctualité de Felsenburgh était désormais fameuse dans l’Europe entière. Il avait dit vingt heures : ce serait donc à vingt heures juste.

Une vive sonnerie retentit, et aussitôt s’arrêta la voix sonore de l’orateur qui occupait la tribune. Une fois de plus, Mabel regarda sa montre : dans cinq minutes, Felsenburgh serait là !

Cependant, un grand changement s’était produit dans la salle, au coup de cloche. Sur toutes les rangées de sièges bruns, les membres du Parlement s’étiraient, décroisaient leurs jambes, travaillaient à corriger leur mise. Le président de la Chambre descendait rapidement les degrés qui menaient à son fauteuil, et qu’un autre président allait avoir à gravir, tout à l’heure.

L’énorme salle était remplie jusque dans les moindres recoins. Mais de toute cette foule entassée n’émanait aucun autre bruit qu’un mur mure recueilli ; et ce murmure même s’éteignit lorsque, au dehors, s’éleva la puissante clameur qui annonçait l’approche du Président.

Et Mabel songeait au bonheur qui lui était échu, de pouvoir assister à cette séance, où Felsenburgh devait consacrer l’institution du culte nouveau. Un mois auparavant, il avait consacré