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humaine, assurément, n’était pas en état de contredire les mystères de la religion, mais qu’elle ne pouvait les prouver adéquatement qu’en admettant, d’abord, la Révélation comme un fait, c’est-à-dire en se plaçant à un point de vue où l’âme écoute docilement la foi et l’esprit divin. Jamais il ne s’était mieux rendu compte de l’innombrable quantité des objections que pouvait faire naître le dogme chrétien, quand on le considérait du dehors, à la lumière d’une certaine critique nécessairement condamnée à n’en laisser voir qu’une apparence trompeuse : et jamais, non plus, il n’avait mieux senti la profonde inanité, le néant éternel et fatal de ces objections.

Ainsi la fermeté de sa foi apparaissait à Percy décidément assurée et inébranlable. En présence de la catastrophe qu’il prévoyait imminente, il songeait avec joie que, du moins, son âme serait à l’abri de la destruction. Mais, sous cette certitude confiante de son cœur de croyant, il y avait sa curiosité d’homme, de témoin étonné du spectacle de la vie.

Pourquoi, pourquoi, pourquoi ? Pourquoi tout cela était-il permis ? Comment était-il concevable que Dieu n’intervînt pas, et que le Père des hommes autorisât la race tout entière de ses enfants à se soulever contre sa personne ? Que comptait-Il faire ? Est-ce que ce silence continu ne se romprait jamais ? Est-ce que ces millions d’âmes, de toutes les nations, qui naissaient et mouraient dans le blasphème, est-ce qu’elles