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veillait de ces créatures, de même espèce que lui, qui n’avaient point honte d’en appeler de l’homme à Dieu, et d’assumer des insignes que le monde ne regardait que comme de vains jouets, mais qui, pour eux, étaient les emblèmes d’une misa sien surnaturelle…

Et ce sentiment qu’éprouvait Pércy s’aviva en lui quand il vit les divers souverains s’approcher de l’autel, pour le service du culte, et, à plusieurs reprises, traverser l’espace qui s’étendait entre leurs trônes et l’autel. Imposantes figures silencieuses, nu-tête et yeux baissés respectueusement. Le roi d’Angleterre, redevenu le Defensor Fidei, portait la traîne du pape au lieu du vieux roi d’Espagne, qui, hors d’état de marcher, se tenait à genoux sur son prie-Dieu, pleurant et tremblant, tout imprégné de piété et d’amour. L’empereur d’Autriche servait le lavabo ; l’empereur d’Allemagne, à qui, jadis, sa conversion avait failli coûter la vie, en même temps qu’elle l’avait précipité de son trône, remplissait la fonction privilégiée de transporter le coussin sur lequel le pape, son seigneur, s’agenouillait devant leur Seigneur à tous deux.

Et ainsi, scène par scène, le drame magnifique se déroulait. Le murmure des foules fut remplacé par un silence qui n’était qu’une même prière muette, lorsque le petit disque blanc s’éleva entre les mains blanches, et que la frêle et pure musique angélique des voix rayonna dans le dôme. Car tous se sentaient là en présence de leur unique espoir, aussi faible et aussi puissant