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le maître de la terre

moins, comment je me représente l’enchaînement des faits ! En Angleterre, la première alarme sérieuse qu’ait éprouvée notre vieux parti conservateur lui est venue de l’élection du fameux « Parlement du Travail », en 1917. Cette élection nous a prouvé combien profondément l’hervéisme avait, désormais, imprégné toute l’atmosphère sociale. Certes, il y avait eu déjà nombre de théoriciens socialistes, auparavant : mais aucun n’était allé aussi loin que Gustave Hervé, surtout pendant les dernières années de sa vie, ni n’avait obtenu autant de résultats. Cet Hervé, comme peut-être vous l’aurez lu dans les manuels d’histoire, enseignait le matérialisme et le socialisme absolus, et poussait à l’extrême toutes leurs conséquences logiques. Le patriotisme, d’après lui, était un dernier vestige de la barbarie ; et le plaisir, la satisfaction aussi complète que possible de tous les besoins présents, constituait l’unique bien et l’unique devoir. Et d’abord, naturellement, tout le monde s’était moqué de lui. Dans notre parti, surtout, on soutenait que, sans une religion, sans une forte organisation politique et militaire, ce serait chose impossible de contraindre les hommes à conserver un ordre social, même le plus élémentaire. Mais on se trompait, apparemment, et Hervé n’avait que trop raison. Après la ruine définitive de l’Église de France, au début du siècle, et les massacres populaires de 1914, la bourgeoisie du monde entier se mit sérieusement à un travail de réorganisation ; et c’est