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Lorsque Percy sortit de la nef, sous le dôme, se dirigeant vers la tribune, au delà du trône pontifical, un spectacle imprévu se présenta à lui.

Un grand espace avait été réservé, autour de l’autel et de la Confession, s’étendant jusqu’au point qui marquait l’entrée des transepts. Dans cet espace, sur des fauteuils disposés en gradins, se voyaient des rangées de visages blancs et immobiles, sous des séries de dais richement ornés. Ces dais étaient d’écarlate, comme les baldaquins cardinalices : mais chacun d’eux était surmonté de grandes cottes d’armes, que supportaient des bêtes, et que dominaient des couronnes. Et, sous chaque dais, se tenaient deux ou trois figures : et le cœur de Percy battit plus fort en les apercevant.

Il avait en face de lui les derniers survivants de l’étrange caste d’hommes qui, jusqu’au siècle dernier, avaient régné comme les Vice-régents temporels de Dieu, avec le consentement de leurs sujets ! Aujourd’hui, personne ne reconnaissait plus ce pouvoir, sauf Celui de qui ils affirmaient le tirer. Ces hommes et ces femmes, ces successeurs des anciens maures du monde, avaient enfin appris à connaître l’autorité d’En Haut, et que leurs titres ne dépendaient point de leurs sujets, mais du seul Roi suprême : bergers sans troupeaux, capitaines sans soldats à commander. Le spectacle était pitoyable : et cependant Percy ne pouvait s’empêcher d’en éprouver du respect et de l’admiration. Il s’émer-