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tible des bruits, du murmure de dix mille voix, de l’appel puissant des orgues, le vague parfum de l’encens, et, dominant tout cela, l’atmosphère toute vibrante des émotions humaines à la vue du passage de l’Espoir du monde, du vice-roi de Dieu, s’apprêtant à intervenir entre Dieu et l’homme : tout cela affectait le prêtre comme aurait fait un élixir ayant à la fois le pouvoir de calmer et de stimuler, d’aveugler tout en aiguisant la vision intérieure, d’assourdir les oreilles du corps pour mieux ouvrir celles de l’âme, d’exalter le cœur tout en le plongeant dans des abîmes d’humilité. Voilà donc, songeait Percy, voilà formulée l’antre réponse possible au problème de la vie ! Dans une lumière éclatante, il voyait devant lui, s’offrant à son choix, les deux cités de saint Augustin. L’une était celle d’un monde né de soi-même, s’organisant soi-même et se suffisant à soi-même, d’un monde interprété par des forces socialistes, matérialistes, hédonistes, et se résumant enfin dans Felsenburgh. Et quant à l’autre monde, Percy le voyait déployé sous ses yeux, lui parlant d’un Créateur, d’une création, d’un but divin, d’une rédemption, d’une réalité transcendante et éternelle, dont tout avait jailli et où tout aboutissait. L’un de ces deux hommes, Jean et Julien, était le vicaire de Dieu, et l’autre un imposteur, l’ennemi de Dieu… Et, une fois de plus, dans un nouvel élan de conviction, le cœur de Percy arrêta son choix…

Mais le moment le plus pathétique de l’inoubliable fête était encore à venir.