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avait salué tel roi ou tel empereur, au passage d’un landau, sur le Corso ; il avait même vu les lis de France et les léopards d’Angleterre s’avancer de front, dans une allée du mont Pincio : Les journaux lui avaient appris, de temps à autre, depuis les vingt dernières années, comment les diverses familles royales, tour à tour, s’étaient transportées a Rome, après avoir obtenu la reconnaissance papale ; et, la veille encore, le cardinal Martin lui avait annoncé que Guillaume d’Angleterre, avec la reine Caroline, venait de débarquer à Ostie : de telle sorte que, maintenant, à l’exception du Grand Turc, la série des trônes européens se trouvait au complet. Mais jamais encore, jusqu’à ce jour, Percy n’avait pleinement réfléchi à ce fait prodigieux de la réunion de toutes les royautés du monde sous l’ombre du trône de Pierre, ni, non plus, au danger menaçant qu’une telle réunion devait constituer aux yeux du monde. Il savait que, pour le moment, ce monde affectait de rire de la folie et de la puérilité de tout cela, de cette comédie désespérée de droit divin, jouée par des familles déchues et méprisées ; mais il n’ignorait point, non plus, que les hommes avaient gardé, au fond de leur cœur, leurs sentiments d’autrefois, et qu’il suffirait que ces sentiments se trouvassent réveillés…

L’encombrement céda : Percy se glissa hors du retrait de la fenêtre, et put suivre le flot qui s’écoulait lentement.

Une demi-heure après, il était à sa place,