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qu’il s’y accoutumerait plus entièrement. Il était maître d’une grande partie de ses heures, qu’il occupait de la façon la plus variée et la plus charmante. De huit heures à neuf, chaque jour, il se promenait par les rues, examinant les trésors artistiques des églises, étudiant les mœurs populaires, s’imprégnant peu à peu de l’étrange sensation de naturel qui se dégageait de cette vie à la manière d’autrefois. Par instants, cette vie lui faisait l’effet d’un rêve historique ; mais parfois aussi, et de plus en plus, il lui semblait que cette vie était l’unique réalité, que c’était le monde tendu et glacé de la civilisation moderne qui était un fantôme, et que, à Berne seulement, l’âme humaine avait gardé sa simplicité native. La lecture même des correspondances ne l’affectait que superficiellement, car le torrent de sa pensée recommençait à couler, tout clair, dans son aimable canal de jadis ; et sans cesse, à mesure qu’il se détachait du monde dont il venait de sortir, il ressentait plus de calme, presque d’indifférence, à s’instruire des événements qui se produisaient dans ce monde lointain.

Les nouvelles importantes, d’ailleurs, n’étaient pas très nombreuses. Une sorte de bonace avait succédé à Parage. Felsenburgh continuait à se tenir dans la retraits ; il avait refusé toutes les offres qui lui étaient venues de la France et de l’Angleterre ; et, bien que la chose ne fût pas annoncée d’une manière formelle, on tendait à supposer qu’il était résolu à se confiner, désor-