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allaient même… — ici, la voix du prêtre trembla, — allaient même jusqu’à l’appeler Dieu incarné, parce qu’il était le plus parfait représentant de l’élément divin qui réside dans l’homme !

Le tranquille et beau visage de prêtre, qui observait Percy, ne faisait toujours aucun mouvement. Et Percy continua.

La persécution, dit-il, était certainement en train d’approcher. Il y avait eu, déjà, un ou deux coups de force populaires. Mais la persécution n’était pas à craindre. Sans doute, elle causerait des apostasies, comme elle l’avait toujours fait : mais, d’autre part, elle donnerait plus de foi aux fidèles, et purgerait l’Église de ceux dont la foi n’était que de surface. Jadis, dans les premiers temps du christianisme, l’attaque de Satan s’était produite sur le corps, avec des fouets, et du feu, et des bêtes féroces ; au seizième siècle, elle s’était produite sur l’intelligence ; au vingtième siècle, elle avait eu pour objet les ressorts les plus intimes de la vie morale et spirituelle. Maintenant, il semblait que l’assaut allait être dirigé des trois côtés à la fois. Cependant, ce qui méritait surtout d’être craint, c’était l’influence positive de l’humanitarisme. Celui-ci arrivait entouré de puissance ; il saisissait vivement l’imagination ; affirmant sa vérité au lieu de chercher à la prouver, il pénétrait dans les âmes bien plus profondément qu’au moyen de discussions et de controverses ; il semblait se frayer un chemin, presque directement et sans résistance, jusqu’au plus secret des replis du