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fixa fermement ses yeux sur le soulier rouge, brodé d’une croix, en face de lui, et commença le discours que, cent fois au moins, il s’était répété les jours précédents.

Il établit, d’abord, ce thème : que toutes les forces de l’univers civilisé se concentraient désormais en deux camps, le monde et Dieu. Jusqu’alors, ces forces avaient été incohérentes et spasmodiques, éclatant de manières diverses : les révolutions, les guerres, avaient été comme des mouvements de foule, sans règle ni direction, indisciplinés. Et, pour répondre à cet état de choses, l’Église, elle aussi, avait agi au moyen de sa catholicité : opposant des francs-tireurs à d’autres francs-tireurs, répondant à des attaques désordonnées par autant de répliques appropriées. Mais, depuis les cent dernières années, on pouvait nettement apercevoir que les méthodes du conflit étaient en train de changer. L’Europe, en tout cas, s’était décidément fatiguée des luttes intestines. L’alliance du capital et du travail illustrait ce changement dans la sphère économique ; le partage pacifique du continent africain par les diverses nations européennes l’illustrait dans la sphère politique ; et c’était encore ce changement qu’illustrait, dans la sphère spirituelle, le développement de la religion humanitaire. Contre cette centralisation des forces du monde, l’Église, de son côté, avait tâché à se concentrer plus étroitement. Grâce à la sa gesse de ses pontifes, sous l’inspiration de Dieu