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III

Quelques minutes avant onze heures, Percy sortit de sa chambre, et vint frapper à la porte de la chambre du cardinal. Il avait revêtu sa nouvelle ferrajuola, et portait aux pieds des souliers à boucles.

Il se sentait, désormais, beaucoup plus maître de soi. Dans son entretien avec le cardinal, il s’était exprimé très librement, décrivant au vieillard l’effet que Felsenburgh avait produit sur Londres, et lui faisant l’aveu de l’espèce de paralysie morale dont il avait été, lui-même, envahi. Il avait affirmé sa croyance que le monde était au début d’un mouvement sans équivalent dans l’histoire. Il avait raconté de petites scènes dont il avait été témoin : un groupe agenouillé devant un portrait de Felsenburgh, un mourant l’invoquant, par son nom, dans son agonie ; il avait retracé l’aspect de la foule qui, à Westminster, s’était réunie pour connaître le résultat de l’offre faite à cet étranger. Il avait montré au cardinal une demi-douzaine d’articles de journaux, tout enflammés d’un enthousiasme hystérique ; et, se risquant à prophétiser, il avait ajouté que, suivant lui, l’heure de la persécution était, à présent toute proche.

— Le monde semble possédé d’une vitalité maladive, avait-il dit, comme d’une fièvre nerveuse qui n’est point près de se calmer !

Le cardinal avait approuvé, d’un signe de tête.