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seulement avait conservé son caractère d’autrefois, mais semblait même avoir encore reculé dans le temps, pour se rapprocher des conditions matérielles de la vie aux siècles passés. Aussitôt que Rome, en 1972, avait obtenu son indépendance, toutes les améliorations qu’y avait introduites le gouvernement italien avaient commencé à être abandonnées ; les tramways avaient cessé de courir dans les rues ; les aériens avaient reçu défense d’entrer dans la ville ; les bâtiments nouveaux avaient été ou bien démolis, ou bien affectés à l’usage de l’Église. Ainsi, le Quirinal servait désormais de demeure au « pape rouge » ; les anciennes ambassades étaient des séminaires ; et le Vatican lui-même, à l’exception de l’étage du haut, avait été accommodé de façon à loger les membres du Sacré Collège.

C’était, au dire des archéologues, une ville extraordinaire, l’unique exemple survivant des temps anciens. Là seulement on pouvait voir les incommodités de jadis, les horreurs du manque d’hygiène, l’incarnation d’un monde perdu dans le rêve. Et l’antique pompe de l’Église, elle aussi, revivait ; les cardinaux, une fois de plus, traversaient la ville dans les carrosses dorés ; le pape chevauchait sur sa mule blanche ; le Saint Sacrement, quand on le portait par les rues étroites et malodorantes, était accompagné du tintement des cloches et de la lumière des lanternes. Cette rétrogression monstrueuse servait encore de texte, tous les jours, pour de violentes dénonciations de la barbarie chrétienne : mais