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donnés, des vieilles villes à jamais désertes, dépeuplées à la fois par la concentration dans les grandes cités et par les progrès du malthusianisme. La nuit chaude était d’une clarté exceptionnelle ; et Percy avait longtemps résisté au sommeil pour jouir de la variété et de la beauté du spectacle qui s’offrait à lui.

Cependant, il s’était endormi lorsque l’air froid des Alpes avait commencé à entourer sa voiture ; et ce n’avait été que par instants qu’il avait entrevu, à ses pieds, les pics solennels baignés de lune, les profondeurs noires des abîmes, le reflet argenté des lacs, l’entassement pittoresque des maisons grises dans les villes et villages de la vallée du Rhône. Une fois, il s’était réveillé pour de bon, en voyant passer, dans la nuit, un des grands aériens allemands, tout doré et illuminé, pareil à une phalène géante avec des antennes de lumière électrique ; et les deux vaisseaux s’étaient salués, à travers une demi-lieue d’air silencieux, avec un cri pathétique comme celui de deux oiseaux de nuit qui se rencontreraient en plein vol. Turin et Gênes dormaient, quand l’aérien les avait traversés ; Florence faisait à peine mine de se réveiller. Et maintenant, la campagne glissait rapidement, toute ridée et bosselée, à deux cents mètres au-dessous de la voiture ; et Rome allait paraître, d’un moment à l’autre. L’indicateur électrique, placé au-dessus du lit de Percy, ne désignait plus qu’une distance de moins de cent kilomètres.