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recommencé à s’agiter fiévreusement ; elle lui a offert d’être dictateur : il a refusé cela aussi. L’Allemagne lui a fait une offre du même genre que la nôtre ; l’Italie lui a demandé de devenir tribun à vie ; l’Espagne est partagée en deux camps, à son sujet.

Mabel écoutait avec ravissement, les yeux perdus dans l’immensité de la perspective qui se déroulait devant elle. Et non moins immense lui apparaissait l’avenir de ces nations dont lui parlait son mari. Elle se représenta l’Europe comme une ruche active, courant çà et là, dans la chaude lumière matinale. Elle voyait la France, l’Allemagne et la variété de ses petites villes, les Alpes énormes, et, en face d’elles, les Pyrénées et l’Espagne ensoleillée ; et tout cela, ces innombrables habitants de la ruche, elle les voyait occupés d’une seule et même chose, tâchant à acquérir pour leur service particulier cette étonnante figure qui venait de surgir sur le monde, — chaque nation désirant passionnément que cet homme consentît à régner sur elle, — et Lui, s’obstinant toujours à refuser toutes leurs offres !

— Quel âge a-t-il ?

— Pas plus de trente-deux ou trente-trois ans. On dit que, jusqu’à ces mois passés, il a vécu dans une solitude complète, quelque part au fond des États du Sud. Puis il s’est présenté au Sénat ; élu, il y a fait un ou deux discours ; puis il a été désigné pour faire partie de la délégation. Et tu sais le reste !