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brusquement éveillée, aperçut, près de son lit, la garde-malade de sa belle-mère.

— Madame, lui dit cette femme, venez tout de suite ! Mme Brand est en train de mourir !

IV

Vers six heures, ce même matin, Olivier revint de la longue séance de nuit qui l’avait retenu à White-Hall. Il monta précipitamment dans la chambre de sa mère : mais ce fut pour constater que tout était fini.

La chambre était pleine de lumière matinale, et un concert d’oiseaux chantait dans le jardin. Mabel était agenouillée près du lit, tenant toujours les mains raidies de la vieille femme, la tête appuyée sur ses bras. Le visage de la morte était plus calme qu’Olivier ne l’avait vu jamais ; les lignes ressortaient avec une douceur charmante, comme des ombres sur un masque d’albâtre, et les lèvres souriaient. Le jeune homme resta immobile, un moment, attendant la fin du spasme qui l’avait saisi à la gorge ; puis il posa une main sur l’épaule de sa femme.

— Il y a longtemps ? demanda-t-il.

Mabel se redressa, et tourna vers lui ses beaux yeux désolés.

— Oh ! Olivier ! murmura-t-elle… Il y a environ une heure… Regarde !

Elle lâcha les mains mortes, et montra le rosaire qui y était encore enroulé.