agenouillée au lit de mort d’un juif, au lendemain du dimanche de la Résurrection. Mais la vieille Mme Brand restait immobile, terrifiée, et cependant obstinément indifférente.
— Mère, reprit Mabel, écoutez-moi bien ! Ne comprenez-vous pas que tout ce que Jésus-Christ avait jadis promis est maintenant réalisé ? Le règne de Dieu a commencé : mais nous savons, à présent, qui est Dieu. Vous m’avez dit, tout à l’heure, que vous désiriez le pardon des péchés : eh bien, ce pardon, nous l’avons tous, puisque nous savons décidément que ce qu’on appelle péché n’existe pas ! Et puis, il y a la communion. Vous vous figuriez qu’elle vous faisait participer à Dieu : eh ! bien, nous participons tous à Dieu, par le seul fait que nous sommes des êtres humains ! Ne voyez-vous pas que votre christianisme était, simplement, une manière d’exprimer tout cela ? Je veux bien que, pour un temps, ç’ait été l’unique manière : mais maintenant il n’en est plus ainsi ! Et songez que cette vérité nouvelle est certaine, absolument certaine !
Elle s’arrêta un instant, désolée de ne voir aucun changement sur le vieux visage pitoyable.
— Songez comme le christianisme a échoué, comme il a divisé les nations ; rappelez-vous toutes les cruautés de l’Inquisition ; les guerres de religion ; les séparations entre mari et femme, entre parents et enfants ! Oh ! oh ! vous ne pouvez pas croire que tout cela fût bon ! Quelle espèce de Dieu, que celui qui aurait