Page:Benson - Le Maître de la terre.djvu/138

Cette page n’a pas encore été corrigée

Elle lui rendit son baiser, et s’enfuit.

Olivier resta assis, considérant, suivant son habitude, l’ample perspective qui se déroulait devant sa fenêtre. À la même heure, la veille, il quittait Paris, connaissant déjà le fait qui venait d’avoir lieu, mais ignorant encore l’homme qui en avait été l’auteur. Maintenant, il connaissait l’homme aussi, ou, tout au moins, il l’avait vu, entendu, et avait subi l’attrait surnaturel qui se dégageait de toute sa personne. Ses compagnons du gouvernement avaient éprouvé la même impression : dominés, et comme effrayés, mais en même temps excités jusqu’au plus profond de leur âme.

Olivier avait revu Felsenburgh, une fois encore, pendant qu’avec Mabel il rentrait chez lui. Le vaisseau blanc avait passé au-dessus d’eux, de sa démarche glissante et résolue, portant celui qui, si jamais un homme avait eu droit à ce titre, était vraiment le Sauveur du Monde. Puis, les deux jeunes gens étaient rentrés, et avaient trouvé le prêtre.

Et cela aussi avait été un choc étrange, pour Olivier : car, au premier abord, il lui avait semblé que ce prêtre était le même homme qu’il avait vu gravissant l’estrade, deux heures auparavant. C’était une ressemblance extraordinaire : le même visage juvénile sous des cheveux blancs. Mabel, il est vrai, ne s’en était pas aperçue : car elle n’avait vu Felsenburgh qu’à une grande distance ; et Olivier lui-même, au reste, s’était