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qui s’obstine à se tenir caché, mais bien à l’Homme, qui a appris sa propre divinité. Le Surnaturel est mort, ou plutôt nous savons aujourd’hui qu’il n’a jamais vécu. Ce qui reste à faire, c’est de mettre en œuvre ces leçons nouvelles, de déférer tous nos actes, toutes nos paroles, et toutes nos pensées au Tribunal de l’Amour et de la Justice : ce sera, sans aucun doute, la tâche des années qui viendront. Tous les codes auront à être détruits, toutes les barrières à être renversées ; chaque parti devra s’unir avec l’autre parti, chaque nation avec l’autre nation, et chaque continent avec l’autre continent. Rien ne subsiste plus de l’ancienne peur qui pesait sur nous ; nous n’avons plus à craindre ni les dangers de la vie présente, ni ceux d’une soi-disant vie future, dont l’appréhension a paralysé toute l’activité des générations précédentes. Assez longtemps l’humanité a gémi dans le travail de son enfantement ; son sang a coulé par la faute de sa propre folie ; aujourd’hui, enfin, elle se comprend elle-même, et commence à vivre. C’est dorénavant que pourront être vraiment bienheureux les doux, les pacifiques, les compatissants : car voici qu’ils vont enfin posséder la terre, et seront nommés les enfants de Dieu !

II

Ayant achevé de lire cet article, Olivier se retourna vers Mabel, et la considéra tendrement.

— Dis-le moi encore, ma chérie ! murmura-t-il : est-ce que tout cela n’est pas un rêve ?

— Un rêve ? répéta-t-elle ; non, certes : c’est, au contraire, une réalité plus réelle que toute notre vie jusqu’ici ! Ne te rappelles-tu pas que nous l’avons vu, vu de nos yeux, le Fils de l’Homme ? Oui, c’est bien le mot qui convient ! Le Sauveur du Monde, comme le dit ce journal !